Le blog

Accueillir

La crainte de l’avenir n’est pas favorable à l’accueil de l’étranger. Notre société fragilisée par la crise économique, les conflits internationaux, la peur des attentats et l’absence d’horizon, est moins portée à s’ouvrir aux victimes de ces graves dysfonctionnements du monde.

 

C’est pourtant sur cette tâche que  Corot Entraide, modestement, et depuis plus de quarante ans, fait porter son effort, avec familles, jeunes sans domicile fixe, chômeurs, migrants, tous en grande précarité.

L’aide matérielle est importante (épicerie sociale, hébergement, vestiaire) mais l’essentiel est au-delà, dans la qualité de la relation qui s’instaure. Ce qui se joue dans l’accueil, c’est une prise de conscience de ce qui nous fait humains. En parcourant un bout de chemin ensemble, à côté l’un de l’autre, nous tentons un chemin de réinsertion, un enrichissement mutuel ;  c’est que l’autre nous constitue aussi dans notre identité.

Il nous faut donner un sens à chacune de nos actions. Arrêtons-nous un instant sur la réinsertion par le vêtement qui est la raison d’être de notre vestiaire.

Il est urgent de donner à la personne mal vêtue, un vêtement qui la  protègera contre  les agressions du climat ; mais bien plus, de l’aider à se reconstruire une véritable image d’elle-même et reconstruire l’image que nous avons d’elle, en la laissant choisir et en étant à l’écoute de ses préférences : c’est une question de dignité et c’est favoriser la participation aux jeux des regards croisés.

Les vêtements nouveaux sont alors outils de la relation et de l’insertion dans la société ; celui qui a besoin d’un vêtement redevient acteur de son choix ; même modestement (un euro), il contribue  financièrement à son achat.

Et le vestiaire devient lieu de rencontre ; lieu d’écoute.

 Régis d’Hérouville, président