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Prendre soin de soi : Joséphine

Joséphine est très angoissée par le monde qui l’entoure. Elle verbalise cette angoisse par la peur du jugement de l’autre. Dès son arrivée au Centre Gutenberg, elle nous parle de ses angoisses qui l’empêchent de se sentir bien dans son corps et dans sa tête.

Très vite, nous avons constaté une dégradation de son état de santé générale avec une perte d’appétit, de sommeil, l’incapacité d’entretenir sa chambre, de se laver.

En complément de la demande de reprise des soins qu’elle avait interrompus, nous lui avons proposé une aide à la gestion du quotidien pour ranger et nettoyer avec elle son espace de vie, lui donner des pistes pour s’organiser et faire son ménage régulièrement sans laisser les choses s’accumuler et s’approcher de l’incurie.

Il faut effectivement constamment lui rappeler ce qu’elle doit faire ; laver son linge, changer ses draps car elle n’est pas en capacité de prendre soin d’elle lorsqu’elle est envahie par ses angoisses qui l’empêchent d’agir, et ce, dans les plus petits gestes du quotidien.

Pour l’inviter à prendre pleine conscience de son corps, nous lui avons aussi proposé de participer à l’activité Yoga au Centre Gutenberg. Cette activité n’a pas été facile pour Joséphine qui a dû surmonter sa peur du groupe et accepter de porter de l’attention à ce corps qu’elle néglige le plus souvent.

Elle a cependant apprécié ce temps et a pu réaliser les mouvements demandés, la difficulté étant davantage de tenir dans la durée les postures. A l’orée, d’une attention à ce corps mal aimé, il est déjà une victoire dans le sens où Joséphine vient à la fois prendre soin d’elle et s’ouvrir à l’autre.

Joséphine a rencontré une psychomotricienne pour un bilan et il en résulte que la grande angoisse inhérente à sa pathologie inhibe partiellement plusieurs de ses capacités psychomotrices et cognitives. L’hypertonie (état de grande tension des muscles au repos, expression de l’angoisse) semble l’empêcher de percevoir les signes vitaux de fatigue et de faim.

Joséphine a construit une image de son corps et d’elle-même sur un versant négatif et présente une défaillance narcissique.

Il est difficile de prendre soin d’un corps que l’on apprécie peu, d’où l’enjeu d’être attentif à la question de « bien-être » et du « prendre soin de soi » dans nos pratiques professionnelles.        

Aurélie COUDE, Conseillère en économie sociale et familiale