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Accompagner les jeunes femmes vulnérables : création d'un groupe de parole au Centre Gutenberg

Premier groupe de parole feminin 

Parmi les 90 jeunes hébergés et suivis par l’équipe Corot (18-25 ans), 30% sont des jeunes femmes que la précarité et de lourds traumatismes rendent très vulnérables. Les résidentes et l’équipe accompagnante ont souhaité créer un groupe de parole pour prévenir les risques (liés notamment à la sexualité) et renforcer la confiance et les liens, essentiels au processus d’insertion.
Rencontre avec Sophie de Lambilly, conseillère conjugale et familiale qui anime le groupe autour de son programme VARS (vie affective relationnelle et sexuelle) dédié aux adolescents et jeunes adultes.

Pourquoi un groupe de parole féminin ?
Nous avons conçu ce programme non mixte pour libérer la parole des résidentes sur leurs réalités intimes, a priori difficiles à partager spontanément avec des hommes. Il sera possible de prolonger l’expérience ultérieurement avec des réunions mixtes mais la première séance a révélé des émotions fortes qui ont conforté notre choix.

4 séances qui forment un tout
Ce projet pilote au Centre Gutenberg, se déroule un jeudi sur 2 de 19h à 20h30, ( du 6 novembre au 18 décembre), autour d’un buffet convivial. Il a vocation à créer une dynamique d’échanges au sein du groupe pour une meilleure compréhension de soi et des dimensions affectives et corporelles qui fondent une relation saine. En amont et au-dela de la sexualité, il vise l’estime de soi et la prévention de la violence.
Séance 1/Vie affective: « Faire groupe » et faire émerger les thèmes à aborder avec l’outil du photolangage. En suscitant des émotions, les images permettent d’identifier des problématiques et de travailler sur les représentations liées au thème de la soirée. Séance 2/ Amour et amitié:  identifier les points communs de ces deux relations qui se construisent dans la durée mais aussi les spécificités de l’amour et la place importante de la sexualité. Séance 3/ Corps, anatomie et physiologie (homme et femme); travailler sur la connaissance de soi et le consentement pour préparer la relation amoureuse et sexuelle. Séance 4/ Responsabilités et prévention des violences: avec l’outil violentomètre, identifier une relation saine et apprendre à demander le respect.

Un manifeste besoin de déposer le passé et de partager
Objectif de la  1re séance : faire connaissance, répondre au besoin de sécurité des participantes et positionner leurs attentes. Elle aurait pu se concentrer sur le rapport homme/femme mais a réveillé le passé de ces jeunes femmes majoritairement élevées avec les tabous de pays où les femmes ont très peu de droits. Elles ont toutes posé leur histoire: traumatismes d’enfance, violence éducative, deuil, dangers et agressions subies pendant le parcours migratoire. Des émotions profondes qui n’avaient jamais été confiées auparavant, ni entre elles ni aux éducatrices.

L’expression en groupe est féconde
Les 7 résidentes du centre Gutenberg sont entourées par Amalia et Corine, 2 travailleuses sociales qui les accompagnent, pour évoquer leur intimité. Le cadre d’écoute respectueuse, qui n’oblige personne à parler, sécurise l’expression des participantes qui partagent beaucoup de freins éducatifs à la parole. Le groupe permet de sortir de l’isolement post-traumatique et de se découvrir mutuellement : « ça fait du bien de parler, de pleurer ». Au-delà des larmes libératrices, la 1re séance a suscité des gestes de consolation et des mots d’admiration pour la résilience de chacune. La richesse que nous avons mise en commun va nous permettre de reconstruire.