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Santé et précarité. Pour une approche globale

De nombreuses personnes que nous accueillons dans nos deux centres, jeunes et moins jeunes, présentent différentes formes de mal-être.

Ce mal-être qui pouvait se métaboliser pour une bonne part dans la famille, le travail ou plus généralement dans la vie sociale, n’a souvent plus comme issue que la maladie.

Dépression, violence, alcoolisation ou toxicomanie en sont des manifestations courantes. Des moyens de survivre à côté des autres, de masquer ses « manques », d’amour, de métier, de projets.

 

L’accès aux soins des personnes en situation de précarité est particulièrement difficile. Elles ne disposent, bien souvent plus, de l’usage, de l’expérience ou des compétences qui leur permettraient d’évaluer leur état de santé et d’identifier de possibles ressources (droits, circuits de soins et de prévention). Elles se trouvent privées des ressources, moins économiques, que culturelles, et, de la reconnaissance sociale nécessaire à leur identité et leur autonomie. L’isolement met en péril l’un des principaux ressorts de la conduite de l’existence : l’estime de soi, qui conditionne en partie la capacité à se préoccuper de son état de santé.

Les problématiques de santé méritent d’être traitées comme un tout avec celles du logement, du travail, de la famille. - Par l’éducateur et par le médecin - .

Il s’agit de prendre en considération -toute- la personne, dans sa psychologie, sa vie sociale et affective, sa dimension spirituelle. On ne vient pas toujours chez le médecin pour guérir, on y vient aussi pour nommer «maladie» son mal-être, pour l’autoriser, le légaliser ou l’habiller et parfois l’enkyster. La parole du malade demande des réponses ; d’autant plus qu’il se trouve rejeté à la périphérie des idéaux contemporains de jeunesse, de dynamisme, d’activité ou de mobilité.

La relation médecin/patient doit être une relation d’écoute bienveillante et active. Le médecin, comme l’éducateur, accompagne, épaule, chemine avec le patient mais c’est bien ce dernier qui est amené à se prendre lui-même en charge.

La capacité à se soigner est très étroitement liée aux niveaux de reconnaissance, d’intégration sociale, et à la nature des liens que la personne entretient avec son environnement.

Le soin passe nécessairement par le rétablissement des liens sociaux. C’est ce que nous tentons de faire à Corot, avec nos différents partenaires.

Régis d'Hérouville, président