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« Pour moi, Corot c’est une porte ouverte »

Dialogue de Rémi, 23 ans avec Danielle Popovic, cheffe de service au centre Corot, à l’occasion de son bilan de sortie.

« J’ai passé 13 mois à Corot. Avant, j’étais à l’ASE (Aide sociale à l’enfance) puis à la rue.

Je sors aujourd’hui de Corot en ayant un logement en colocation dans un appartement avec 150 euros par mois de loyer.

Ma situation actuelle est plus stable. En attendant d’avoir tous mes papiers, je travaille depuis plusieurs mois en tant modérateur Internet pour un site. Je gagne 500 euros fixe par mois plus un bonus, si j’ai un concept de vidéo, c’est 100 euros de plus.

Pouvoir s’exprimer aide à s’améliorer. Merci de me proposer ce temps-là, de me donner la possibilité de m’exprimer avant mon départ. Les associations comme Corot sont une nécessité pour la réinsertion des gens. On en a vraiment besoin.

Être suivi et écouté… J’ai trouvé un second souffle. Corot m’a donné l’envie de continuer et de ne pas laisser tomber. Je ne dormais plus et je ne m’en sortais plus. Je n’étais pas satisfait de ma situation. J’avais vraiment envie de m’en sortir. Vous m’avez vraiment aidé. On a du mal à en parler mais parler, cela fait du bien.

Le suivi n’a pas été toujours parfait. Parfois, les liens ont été tendus avec mon bénévole mais cela fait du bien de parler. Avec l’entourage c’est difficile de parler. Quand on vient à Corot pour parler, je me sentais mieux. A chaque fois que je revenais, je reprenais un souffle, je reprenais de l’espoir, je me disais « Je suis suivi, je ne suis pas tout seul. »

Avant j’étais lassé car je racontais ma vie à chaque fois, c’était très répétitif. A Corot, au niveau alimentaire, cela m’a beaucoup aidé.

A un moment, ma mère est décédée et l’alcool est revenu. Cela a été difficile. La compréhension de l’autre c’est très important.

Vous vous fâchez mais vous avez la bonne approche qui fait réfléchir.

Vous n’êtes pas dans l’agressivité. On est dans un environnement et ce n’est pas notre faute. Il faut pointer le problème et tenter de le régler. Cela demande d’avoir une bonne formation.

J’ai fui les temps collectifs. Au début je n’avais pas envie de venir.

Danielle : « Mon plus grand regret c’est de ne pas avoir pu vous aider davantage sur le plan de la santé, notamment au regard de votre maladie : addiction à l’alcool. Nous nous sommes entendus pour la poursuite d’un suivi social encore quelques mois ; je vous orienterai vers un lieu de soin. Nous devons d’abord renouveler votre dossier de sécurité sociale.

Rémi : « Tout ce qu’on me propose, je suis prêt à le faire. »

Danielle : En quels termes pourriez-vous parler de Corot à un ami dans le besoin ?

Rémi : « Sachez que je l’ai déjà fait. Pour convaincre un ami. Mon ami s’est retrouvé à la rue, et pour son orientation, je lui ai dit de mettre Corot sur la fiche. »

Danielle : « Et en un mot comment définiriez-vous Corot, pour vous Corot c’est…

Rémi : « Pour moi, Corot c’est une porte ouverte. »